Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 5, 1929.djvu/521

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d’Augagneur, Jofîre accepterait volontiers de confier bientôt à Gallieni le commandement d’une armée dans les Vosges et en Alsace. Pour le moment, il est très satisfait, nous confie-t-il, que les circonstances amènent Gallieni à renvoyer son cabinet civil. Il ajoute : « M. Doumer est allé récemment voir le général Foch à Cassel et lui a dit : « Si je deviens ministre de la Guerre, je remplacerai Joffre, qui est incapable, et je nommerai Gallieni général en chef ». « Je sais bien, ajoute le général, d’où me vient cette inimitié. Je n’ai pas voulu donner un avis favorable à la nomination, comme commandant de corps, du général Nicolas, que M. Doumer m’avait chaleureusement recommandé et que je ne jugeais pas à la hauteur de ces fonctions. Mais que j’aie eu tort ou raison, il m’est difficile d’admettre que le gouverneur militaire de Paris ait des collaborateurs civils qui aillent ainsi dénigrer le général en chef auprès de son adjoint. »

Joffre nous explique ensuite qu’à partir de mercredi prochain, il va entamer une série d’offensives locales. Il ne nous cache point qu’il n’en attend pas de très grands résultats, d’autant que tous les engins de siège ne sont pas encore prêts ; mais il craint, s’il tarde davantage, que les Allemands, n’étant point attaqués, n’enlèvent trop de forces devant notre front pour les transporter en Orient et qu’ils n’aillent écraser les Russes. Il monte donc des offensives au sud d’Ypres, au nord et au sud d’Arras, à l’ouest de l’Argonne. Il s’estimera, dit-il, très heureux si, sur certains fronts, les Allemands reculent de vingt ou trente kilomètres. J’ai grand’peur que ces attaques ne nous coûtent très cher et ne se heurtent, faute d’un