Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 5, 1929.djvu/536

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même son unité nationale. Insister, ce serait risquer de le froisser sans avoir chance de réussir. Quant à la Roumanie, elle se tient toujours sur la réserve et n’en veut pas sortir en ce moment. Exiger de M. Bratiano une réponse immédiate, ce serait donc augmenter la répugnance qu’il éprouve actuellement à faire alliance avec la Serbie. Nous sem-blons courir, avec un empressement éploré, après de petites puissances qui, pour l’instant, ne veulent pas tomber dans nos bras et nous répondent par des coquetteries. Nous oublions trop qu’elles ne consultent pas nos intérêts, mais les leurs. Ne nous donnons pas plus longtemps le ridicule de renouveler tous les jours des démarches qui n’aboutissent jamais. Il est probable, d’ailleurs, que déjà la Bulgarie ne s’appartient plus. La Roumanie, sans doute, est beaucoup plus favorablement disposée, mais laissons-la choisir son heure et battons-nous. C’est en France, sur notre front, c’est sur le front russe aussi, ce n’est pas dans les chancelleries que nous conquerrons des alliés16.

M. Carton de Wiart, ministre belge de la Justice, dîne à l’Élysée avec Briand et Delcassé. Comme il a été reçu aujourd’hui à l’Hôtel de Ville, j’ai invité aussi M. Mithouard, président du Conseil municipal de Paris, le préfet de la Seine et le préfet de police. Je connais depuis longtemps M. Carton de Wiart, qui est mon confrère du barreau. C’est un avocat remarquable, un gentleman accompli et un