Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 5, 1929.djvu/66

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

avec laquelle le subtil ambassadeur avait accueilli les suggestions de M. Clemenceau. À Londres, le marquis lmperiali est allé, de son côté, voir sir Ed. Grey. Il n’a pas poussé sa démarche aussi loin qu’aurait permis de le supposer la « source secrète et sûre » dont j’ai parlé. Il s’est borné à quelques lamentations banales sur les malheurs de la guerre. Il a timidement ajouté qu’il serait désirable d’obtenir une suspension des hostilités. Le secrétaire d’État britannique a répondu, non sans humour, que le seul moyen de mettre fin à la guerre était de déterminer l’Allemagne à s’arrêter elle-même6.

Maintenant, en effet, l’Angleterre est toute à l’action. Le général Wilson, qui fait très intelligemment la liaison entre les états-majors et qui paraît comprendre à merveille les dispositions du nôtre, se consacre, avec une belle ardeur, à la préparation des transports militaires. Une avant-garde, composée d’une trentaine d’officiers britanniques et de quatre-vingts bommes, est arrivée, en tenue de campagne, à Rouen, où elle a été reçue avec autant d’enthousiasme que si elle venait, sur la place du Vieux-Marché, célébrer en l’honneur de Jeanne d’Arc une cérémonie expiatoire. En même temps, nos deux gouvernements cherchent à se concerter pour l’occupation, conjointe ou parallèle, des colonies allemandes. L’Angleterre paraIt disposée à accepter notre coopération militaire au Cameroun et au Togo. M. Doumergue compte lui offrir aussi d’employer des troupes malgaches à une future conquête de l’Est africain, mais il semble bien que dans l’Afrique orientale le Colonial