Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 5, 1929.djvu/69

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considérons pas franchement comme ennemis les ennemis de nos amis, nous apparaissons fatalement comme traîtres à nos alliances. MM. Messimy et Augageur ne se lassent pas de répéter que, du point de vue militaire et naval, notre étrange neutralité peut devenir un danger. M. Doumergue demande, une fois encore, au Gouvernement britannique de s’entendre avec nous sur les résolutions à prendre et il lui propose de joindre sa flotte à la nôtre pour débloquer Antivari. Mais, justement formaliste, l’Angleterre désire que l’on ne commence, d’aucune manière, les hostilités contre l’Autriche sans avoir accompli le rite d’une déclaration de guerre préalable10. Elle est incontestablement dans la vérité juridique. Quelle raison, dès lors, faut-il donner pour motiver cette déclaration ? La présence des troupes autrichiennes dans le voisinage de nos frontières ? Les informations de nos correspondants, si vraisemblables qu’elles soient, sont contestées par le comte Berchtold. Mieux vaut dire franchement à l’Autriche : « C’est vous qui êtes à l’origine de la guerre. L’Allemagne n’a pris successivement parti contre la Russie et contre nous que pour appuyer, après l’acceptation de votre ultimatum par Belgrade, votre action meurtrière contre la Serbie. Vous avez, à votre tour, déclaré la guerre à la Russie, qui se défendait, comme nous, contre l’acceptation, prétendue préventive, de l’Allemagne. Vous avez donc commis envers la France un acte injustifié de provocation. » Le gouvernement de la République peut-il faire cette simple constatation de fait sans prier les présidents des Chambres de les convoquer, ou convient-il