Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 9, 1932.djvu/18

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une nouvelle question qui n’a été réglée que dans un malentendu.

M. Charles Diehl, mon confrère de l’Institut, me raconte qu’il a vu à Leysin, en Suisse, un capitaine français indigène d’Afrique, fait prisonnier par les Allemands et interné ; les Allemands l’avaient bien traité pendant sa captivité et avaient songé à l’envoyer en Turquie en lui disant : « Vous ne pouvez refuser de servir votre sultan. » Cet officier, le capitaine Ben Bouzian, a répondu : « Notre sultan à nous, musulmans français, c’est Poincaré. » Je ne me connaissais pas cette qualité, mais je connaissais bien la loyauté et le courage de nos indigènes d’Afrique.

Des hommes politiques qui sont allés à Salonique, tels que M. Chaumet, ancien ministre, et M. Surcouf, député, me disent que si, comme le prétend parfois Briand, les Anglais se plaignent de Sarrail, c’est que leurs états-majors ont dû subir l’influence du nôtre. D’autre part, les Français ont pris à Salonique une autorité considérable, due, en grande partie, à Sarrail, et nos meilleurs alliés n’en sont pas très satisfaits.


Le 24 octobre, nous arrive une excellente nouvelle de Verdun. Une attaque montée par le général Nivelle avec trois divisions du côté de Douaumont a pleinement réussi. Nous ne nous bornons plus à repousser les assaillants. C’est l’ennemi qui est assiégé. C’est un splendide succès. Mais le lendemain 25, les Allemands se vengent sur Reims, qu’ils bombardent violemment. Deux civils sont tués et plusieurs blessés.


Le 28 octobre, le général Roques part pour Salonique. Il vient causer avec moi dans la matinée. Il veut procéder à une enquête impartiale sur le cas de Sarrail. Il est porté à croire que le