Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 9, 1932.djvu/7

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dun, consacrés aux discussions avec l’Angleterre ou avec le roi de Grèce.

Le 1er octobre 1916, le général Roques m’accompagne dans une visite au 10e corps, que commande le général Micheler. Le lendemain, je me rends à Villers-Bretonneux où le général Foch a maintenant installé son quartier général. Joffre l’a heureusement fait maintenir dans le cadre actif, bien qu’il fût atteint par la limite d’âge. Le même jour, je vais voir à son quartier général le général Douglas Haig et je remets des décorations françaises à deux de ses subordonnés qu’il me recommande, le général Gough, commandant du corps de réserve qui a pris Thiepval, et le général Butler, chef d’état-major. Douglas Haig, bel Écossais, lucide et résolu, paraît très confiant dans la suite des opérations. C’est le 5 qu’on doit prendre l’offensive générale, et il est convenu que nous appuierons les Anglais sur leur droite.

Haig et Foch sont tous deux résolus à poursuivre, au besoin, les opérations sur la Somme tout l’hiver. C’est, d’après eux, la victoire assurée. Comme ni l’un ni l’autre n’a l’habitude de faire preuve d’un optimisme aveugle, leur opinion mérite d’être retenue.

Je vais saluer le général Fayolle à son Q. G. à Méricourt. Je lui remets la plaque de la Légion d’honneur dans le jardin du château qu’il habite. Il est très ému lorsque je lui donne l’accolade. Le pays est effroyablement ravagé. À Vaux, à Curlu, il ne reste que des squelettes de toitures et des murailles effondrées. Arbres couchés et dévorés par le feu. Plus une herbe vivace, plus une trace de vie. Partout des monticules ou des excavations. Sol boueux et couvert d’eau. Paysage enveloppé d’une tristesse lugubre. Je rencontre dans un abri souterrain le général Guillaumat, qui commande le 1er corps. Il a reçu ce matin