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CHAPITRE IV


Voyage à Noyon, Péronne, Soissons, avec les présidents des Chambres. — La reine des Belges incognito à Paris. — Les sous-marins allemands torpillent les paquebots anglais transportant des passagers américains. Indignation du président Wilson. Échange de télégrammes avec lui. — Voyage à Compiègne et au Grand Quartier Général. — Offensive anglaise à l’est d’Arras. — Le prince Sixte et les projets de paix avec l’Autriche. — Ribot en Angleterre et en Italie. — Le ravitaillement et les restrictions. — Discussion sur le commandement et le changement du général Nivelle.


Dimanche 1er avril 1917.

À 8 heures et demie du matin, départ avec Dubost et Deschanel, par la gare du Nord, pour Noyon. Le génie vient de rétablir la voie et de pousser le rail jusqu’à cette ville. Nous inaugurons la ligne restaurée. Nous déjeunons dans le train entre Compiègne et Noyon et je revois les ruines de Ribécourt, les lignes allemandes, les villages détruits, la campagne dévastée.

Dubost est, comme toujours, cordial, passionnément patriote et obstinément optimiste. Deschanel me paraît m’avoir gardé nulle rancune de l’offre que je lui ai faite au moment de la crise ; il est gai, il abonde en anecdotes et en souvenirs ; il parle de son père, de Victor Hugo, d’Alexandre Dumas ; il se dispose à partir pour le Midi, où sont déjà ses enfants, et il souhaite que la Chambre prenne de longues vacances. La femme du député-maire de Noyon, Mme Noël, m’a prié de la laisser