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LA SCIENCE EST-ELLE ARTIFICIELLE ?

ment, nous envisagerons deux figures invariables mobiles A' et B'. Les lois des déplacements relatifs de ces figures A' et B' seront très simples ; ce seront celles de la géométrie. Et nous ajouterons ensuite que le corps A, qui diffère toujours très peu de A', se dilate par l’effet de la chaleur et fléchit par l’effet de l’élasticité. Ces dilatations et ces flexions, justement parce qu’elles sont très petites, seront pour notre esprit d’une étude relativement facile. S’imagine-t-on à quelles complications de langage il aurait fallu se résigner si on avait voulu comprendre dans un même énoncé le déplacement du solide, sa dilatation et sa flexion ?

La relation entre A et B était une loi brute, et elle s’est décomposée ; nous avons maintenant deux lois qui expriment les relations de A et A' ; de B et B’ et un principe qui exprime celle de A' avec B'. C’est l’ensemble de ces principes que l’on appelle géométrie.

Deux remarques encore. Nous avons une relation entre deux corps A et B que nous avons remplacée par une relation entre deux figures A' et B' ; mais cette même relation entre les deux mêmes figures A' et B' aurait pu tout aussi bien remplacer avantageusement une relation entre deux autres corps A" et B", entièrement différents de A et B. Et cela de bien des manières. Si l’on n’avait pas inventé les principes et la géométrie, après avoir étudié la