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LA MESURE DU TEMPS

mier, se passe le phénomène β, qui amène comme conséquence l’effet β’. Les phénomènes α et β sont simultanés, de même que les effets α’ et β’.

À une époque ultérieure, le phénomène α se reproduit dans des circonstances à peu près identiques et simultanément le phénomène β se reproduit aussi en un point très éloigné du monde et à peu près dans les mêmes circonstances.

Les effets α’ et β’ vont aussi se reproduire. Je suppose que l’effet α’ ait lieu sensiblement avant l’effet β’.

Si l’expérience nous rendait témoins d’un tel spectacle, notre postulat se trouverait démenti.

Car l’expérience nous apprendrait que la première durée αα’ est égale à la première durée ββ’ et que la seconde durée αα’ est plus petite que la seconde durée ββ’. Au contraire notre postulat exigerait que les deux durées αα’ fussent égales entre elles, de même que les deux durées ββ’. L’égalité et l’inégalité déduites de l’expérience seraient incompatibles avec les deux égalités tirées du postulat.

Or, pouvons-nous affirmer que les hypothèses que je viens de faire soient absurdes ? Elles n’ont rien de contraire au principe de contradiction. Sans doute elles ne sauraient se réaliser sans que le principe de raison suffisante semble violé. Mais pour justifier une définition aussi fondamentale, j’aimerais mieux un autre garant.