Page:Poincaré - Leçons sur les hypothèses cosmogoniques, 1911.djvu/154

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
128
hypothèses cosmogoniques

constante cette courbe comprend deux boucles (désignées par 1 sur la fig. 24) entourant, l’une le point S, l’autre le point J. Lorsque décroît, ces deux boucles se dilatent et se rejoignent à un certain moment en un point double A (courbe 2). Puis, diminuant encore, elles n’en font plus qu’une (courbe 3) qui entoure à la fois S et J[1]. Figure 24
fig.24.
Donc, lorsque la constante n’est pas trop grande, la petite planète obligée de rester intérieure à la courbe 3 est néanmoins libre d’aller au voisinage, soit du Soleil, soit de Jupiter. Si, au contraire, la constante est très grande, la petite planète restera à l’intérieur de l’une des deux boucles 1 ; elle sera un satellite soit du Soleil, soit de Jupiter.

Or, l’effet d’une résistance passive telle qu’une résistance de milieu est d’augmenter la constante du second membre de l’intégrale de Jacobi. Par suite, la courbe qui encercle la petite planète se rétrécit sans cesse. Si elle était initialement la courbe 3, elle deviendra à un certain moment la courbe à point double 2. Si à ce moment la planète est voisine du Soleil, jamais elle ne retournera au voisinage de Jupiter : elle est captée par le Soleil. Si, au contraire, elle est voisine de Jupiter, elle ne reviendra jamais près du Soleil : elle est captée par Jupiter dont, à partir de cet instant, elle devient un satellite.

93.La théorie de M. See rend bien compte de la faiblesse des excentricités des orbites des planètes et des satellites[2]. Mais pour-

  1. Nous ne nous occupons pas de certaines portions de courbes pouvant se trouver très éloignées de l’origine.
  2. La diminution de l’excentricité du fait d’une résistance de milieu n’est pas seulement capitale dans la théorie de M. See : elle intéresse aussi les théories de Faye et de M. du Ligondès.