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hypothèses cosmogoniques

direction. Considérons alors un élément plan parallèle à l’onde : cet élément est à la fois parallèle à la force magnétique et à la force électrique, il subit donc une pression provenant de chacun de ces deux champs ; ces deux pressions s’ajoutent. Considérons, au contraire, un élément plan normal à l’onde et contenant par exemple la direction de Fresnel : cet élément, étant parallèle à la force électrique, subit une pression, mais, étant perpendiculaire à la force magnétique, il subit une tension. Or, il se trouve que cette tension d’origine magnétique, détruit exactement la pression d’origine électrique ; donc cet élément ne subit aucun effort. On reconnaît qu’il en est de même de tout élément plan normal à l’onde. Mais pour tout élément plan non normal à l’onde, il n’y a pas compensation ; chaque élément plan non normal à l’onde subit une pression dite pression de radiation[1].

179.Le principe de l’égalité de l’action et de la réaction nous apprend que le centre de gravité d’un système de corps soustrait à toute action extérieure décrit une ligne droite d’un mouvement uniforme. À cause de la pression de radiation, ce principe n’est plus vrai lorsque les corps envisagés reçoivent ou émettent de la lumière. Il faut alors, pour obtenir la quantité totale de mouvement, celle qui demeure constante, ajouter, à la quantité de mouvement réelle des corps matériels, la quantité de mouvement d’un fluide fictif, la lumière.

Considérons un train d’ondes planes TT′ qui se propagent (fig. 39) : dans l’espace occupé à chaque instant par ce train d’ondes, est localisée une certaine énergie par unité de volume. Assimilons le train d’ondes à un fluide fictif se déplaçant avec la vitesse de la lumière, et ayant une densité proportionnelle à l’énergie par unité de volume.

Supposons que notre train d’ondes vienne frapper normalement une plaque plane P qui lui est parallèle. Admettons d’abord que cette plaque P soit parfaitement absorbante. Avant le choc, le fluide fictif auquel nous assimilons le train d’ondes TT′ possède une certaine quantité de mouvement Après le choc tout se passe comme si le fluide fictif avait disparu : la plaque P aura acquis une quantité de mouvement égale à En un mot, au point de vue des quantités de

  1. Au point de vue de l’ordre de grandeur de cette pression, disons que, pour un mètre carré exposé normalement à la lumière solaire, elle est d’environ 0mg,6 si la surface est absorbante et de 1mg,2 si elle est parfaitement réfléchissante.