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hypothèse de m. faye

notables dos tourbillons intérieurs pourront donc y prendre l’allure d’un anneau plat, tournant autour du centre avec une même vitesse angulaire, exactement comme si cet anneau nébuleux était un cerceau solide, il n’y a à cela qu’une condition, c’est que la durée de la gyration de ces particules soit égale à la durée commune de tous les mouvements elliptiques ou circulaires qui se produisent sous l’influence de la force centrale.

« Ainsi toutes les particules qui auront la vitesse convenable, dans le plan des gyrations, s’arrangeront immédiatement sous l’influence de la gravité en anneau plat, animé, autour du centre, d’une véritable rotation. Les autres, à vitesses trop grandes ou trop petites, se mouvront dans le même plan, en décrivant des ellipses concentriques à l’anneau. Si ces ellipses sont très allongées, les matériaux qui les parcourent se rapprochent beaucoup du centre où s’opérera une condensation progressive ; ils finiront par y être englobés, tout en communiquant au globe central naissant une rotation dans le plan même de la gyration primitive. Si elles diffèrent peu d’un cercle, la faible résistance du milieu suffira pour uniformiser la vitesse et disposer les matériaux en anneaux tournant comme le premier. » (p. 366-367.)

58.Nous constatons ici une première différence essentielle entre la conception de Faye et celle de Laplace : les anneaux de Laplace se formaient à l’extérieur de la nébuleuse, ceux de Faye se forment à l’intérieur. Seulement, tandis que Laplace rendait parfaitement compte de la faiblesse des excentricités et des inclinaisons mutuelles de ces anneaux, Faye donne de ce phénomène une explication beaucoup moins nette. Le but principal que Laplace s’était proposé ne se trouve ainsi qu’imparfaitement atteint. Dans les deux théories, c’est la rupture des anneaux, devenus instables, qui donne naissance aux planètes.

59.Mais suivons l’évolution de la nébuleuse de Faye. Au début, elle était sphérique et homogène ; l’attraction à l’intérieur était proportionnelle à la distance au contre et pouvait être représentée par

,

désignant une constante. Plus tard, l’attraction mutuelle des parties, jointe aux chocs et aux frottements inévitables entre particules, produisit nécessairement une condensation centrale ; celle-ci