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MON FÉMINISME

terrestre est la lutte de l’esprit mâle contre l’esprit femelle, lutte incessante, toujours acharnée, souvent féroce, parfois grandiose. Dans cette lutte, l’esprit femelle joue un rôle immense ; s’il y apporte moins de dialectique que l’esprit mâle, il est autrement hanté que lui par les légendes du Passé, par un impérieux besoin d’idéal présent, qui lui font secouer les chaînes des cruelles réalités et rejeter le poids des dures et misérables actualités. Certains auteurs, pour en déduire, paradoxalement mais sans véridicité, que depuis la création la Femme triomphe toujours de l’homme, ont insisté sur les gémissements de l’esprit mâle aux époques de ses défaites. L’Histoire prouve que ce n’est là qu’un sophisme. Si les poèmes du cycle homérique, si les théogonies indoue, égyptienne, hébraïque, grecque, etc., sont, en effet, remplis de la terreur du mystère féminin ; s’ils exhalent des plaintes continues contre le mal venu de ce mystère, ils prouvent seulement que les Hélène, les