Page:Poisson - L'actrice nouvelle, 1722.djvu/22

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Je vous l’ay déjà dit, j’abhorre les jaloux ;
Et ſi vous ne changés avec moy de langage,
Il ne faut plus compter ſur nôtre Mariage.
Je ne fais point un choix pour vivre dans l’ennui,
Si je prends un Epoux, c’eſt pour rire avec luy.

LE CHEVALIER.

Croyez-vous que de rire on puiſſe avoir envie,
Quand on vous fait mourir tous les jours de la vie ;
Et qu’on ne prend jamais ſoin de vous radoucir
Sur un doute, un ſoupçon qu’un mot peut éclaircir.
Voilà ce qui fait ſeul aujourd’huy mon ſuplice.

LA COMTESSE.

Et ſur quoy voulez-vous que je vous éclairciſſe ?

LE CHEVALIER.

Par exemple tantôt j’ai veu.

LA COMTESSE.

Par exemple tantôt j’ai veu. Quoi Chevalier ?

LE CHEVALIER.

Ouy j’ay vu de chez vous ſortir le Conſeiller.

LA COMTESSE, rit.

Et quoi le Conſeiller à preſent vous occupe.
Serez-vous donc toûjours de vous même la dupe ?
Mais quel plaiſir prend on à faire ſon tourment ?

LE CHEVALIER.

Sachons.

LA COMTESSE, en chantant.

Pour moy, l’Amour eſt un plaisir charmant.

LE CHEVALIER.

Encor.