Page:Ponchon - La Muse au cabaret, 1920.djvu/303

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Puis, étant le doyen des voyageurs — songeais-je —
Je ne vois pas pourquoi,
Plutôt que ces messieurs, je quitterais mon siège ;
Je me tenais donc coi,

Et pendant ce temps-là, la pauvre créature,
Comme bien vous pensez,
Lançait, à tout ce monde occupant la voiture,
Des regards courroucés.

« Qu’il ne se trouve pas — semblait-elle nous dire —
Un homme assez galant,
Parmi vous tous, pour prendre en pitié mon martyre,
C’est un peu violent.

Il ne s’en trouvait point. Devant tant d’égoïsme,
Tant d’inhumanité,
Moi, qui ne pousse pas jusques au fanatisme
Le soin de ma santé,

Quitte à crever de froid, je quittai donc ma place,
Et je la lui cédai.
La dame aurait bien pu, je crois, me rendre grâce
De mon bon procédé…

Il n’en fut rien. Bien mieux, la maudite pécore,
Tout en me bousculant,
Me dit : « C’est pas trop tôt ! » Aussi, j’en suis encore
Comme « deux ronds de flan. »