Page:Ponchon - La Muse au cabaret, 1920.djvu/41

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J’entends des gens me dire : « Mais,
Sale égoïste que tu es,
Est-ce qu’un café, somme toute,
N’est pas une façon d’endroit
Neutre, où tout le monde a le droit
De pénétrer ? » Eh oui ! sans doute.

Je le regrette, voilà tout.
Je voudrais que ce fût surtout
Le lieu réservé, solitaire,
Où viennent leurs chagrins noyer,
Ceux-là qui n’ont pas de foyer,
Les obstinés célibataires.

Et j’ajoute encore ceci :
Au célibataire endurci
Le café tient lieu de famille.
Et voilà d’où vient son ennui ;
Il se croit harcelé chez lui,
Quand le dimanchard y fourmille.

Certes, si tous les caboulots
Étaient inflexiblement clos,
Il se marierait davantage,
Quitte — comme je sous-entends —
À divorcer de temps en temps…
Mais, Piot, le triste avantage !