Page:Ponchon - La Muse gaillarde.djvu/246

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Pourvu que la Providence
Dont je vénère le doigt,
Sème avec indifférence
De bons endroits où l’on boit,

Où je puisse passer toute
Ma vie hors de ma raison,
Quitte à ce que l’on me foute
Comme un tambour, en prison.

Pourvu que je puisse boire
Autant que j’ai déjà bu,
Que mon estomac, — ma gloire ! —
Ne devienne tôt fourbu.

Pourvu que mon cheveu frise
Et se trémousse ma dent ;
Et que jamais je ne lise
Ça que fait madame Adam.

Pourvu que toujours j’ignore
Quel est le gouvernement
Sous lequel on nous décore
Chaque jour, en nous levant.

Pourvu que ma trogne brille
Comme un casque bien fourbi ;
Que tout se passe en famille
Comme chez monsieur Grévy.