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Ce beau nom, qu’ont souillé tant de voix mercenaires,
Fait encor trembler les tyrans,
Quand il sert de tocsin aux élans populaires.
Nos frères du Nord, expirants,
Fatiguent les écbos des monts de Sibérie
Sous ce cri toujours répété ;
Et le hideux Cosaque, en foulant leur patrie,
N’entend partout que : Liberté !

IV



On m’a dit qu’hier matin notre rade tranquille
Te berça dans son sein que le soleil dorait,
Et que tu visitas la charmante presqu’île
Où s’élève le Lazaret.

Mais sur nos bords, où Dieu te donnait tant de fête,
Pourquoi donc, Arago, faire un si court séjour ?
Tu n’as pas vu ces rocs que la vague soufflette
Ou qu’elle baise avec amour ?

Tout est sauvage en eux : jusqu’à la poésie
Qui parle constamment dans leurs creux souterrains ;
Jusques aux flots, rôdant sur leur base noircie,
Comme d’éternels pèlerins.

De ces bords, chaque jour, on voit cingler nos voiles
Vers l’Afrique où tu fus esclave du Croissant,