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Attentif au sifflet du maître,
Sur le champ il sait reconnaître
Chaque manœuvre du vaisseau.

Quels sont ces deux géants ancrés loin de la plage,
Et dont cent vingt canons défendent l’équipage ?

L’Océan, le Montebello !

— Et ceux dont les marins couvrent la grande hune,

Leur nom ? — le Trident, le Neptune !

— Là-bas, plus près du bord, quels sont ces autres deux ?

L’inflexible et le Généreux !

— Et celui caressé par la vague vermeille,

Son nom ? — La Ville de Marseille !

— Les deux derniers ? — L’Hercule et le Santi-Pétri !

— Hélas ! tous ces marins, dont le cœur fut pétri
Pour vivre de combats, pour narguer les tempêtes.
Afin de ne point voir leur pavillon flétri

Tenaient toujours leurs armes prêtes.

Mais ce fut vainement, et leurs bras valeureux
Des débris de Beyrouth sont revenus poudreux !

Le vent qui soufflait la vengeance

Semblait y ménager au drapeau de la France

Une revanche d’Aboukir.
Et si, dans leurs gouffres humides,

Les vagues avaient vu les Anglais s’engloutir,
On aurait entendu du haut des Pyramides

Quarante siècles applaudir !