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Aux vaisseaux qui voguaient à l’ombre des pavois
Fit entendre ces cris chantés par mille voix :
« Tressaille de bonheur, notre auguste patrie !
« L’Afrique à deux genoux et la face meurtrie,
« L’Afrique devant toi prosterne son front noir.
« Son invincible orgueil râle de désespoir ;
« Et les braves soldats que ton grand peuple enfante
« Ici, comme partout, te montrent triomphante !
« Nous avons défié l’émir traître et cruel,
« Les fléaux de ce sol, les flammes de ce ciel ;
« Notre courage augmente avec notre souffrance.
« Hier, quand le canon chanta : Vive la France !
« Vingt mille cavaliers de colère embrasés,
« Ont volé contre nous… Ils s’y sont écrasés.
« Ici ta royauté quatorze ans exécrée
« Est, pour tout l’univers, à jamais consacrée.
« Le passé s’est noyé sous les flots de l’Isly,
« Et dans son propre sang l’Arabe enseveli,
« A vu, le même jour, et sa haine et son glaive
« Tous deux brisés, devant l’avenir qui se lève ! »

Un cri d’enthousiasme éclata sur ces bords.
Le canon s’ébranla dans l’ombre des sabords,
Le drapeau du combat ondoya sous l’antenne,
Et soudain les boulets du royal capitaine
Sur les murs de Sourah gravèrent le cartel
Que naguère ils avaient inscrit sur le Spartel.