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J’ai pensé que, malgré notre angoisse et nos peines,
Sous ces toits fraternels couvaient de sourdes haines,
Et que des murs, plus forts que ces murs mitoyens,
Séparaient ici-bas les cœurs des citoyens !…

Lorsque le vent marin souffle un parfum d’orage,
Avant que la tempête ait assombri la plage
On voit, loin des écueils, s’attrouper les goélands.
Ils volent au-dessus des nuages roulants ;
Et sous les yeux du ciel, contre l’éclair livide,
Dans leur sainte union ils trouvent une égide.
Quand notre ciel se teint de sinistres couleurs,
Quand nos fronts sont courbés par le vent des douleurs,
Frères, rallions-nous ! Les tempêtes humaines,
L’éclair de la discorde et le torrent des peines,
Et tous les noirs fléaux dont leurs flancs sont munis,
Ne nous atteindront pas si nous sommes unis.
Pourquoi, pour les partis, armer nos bras du glaive ?
La fumée aux longs flots qui de nos toits s’élève
Ne confond-elle pas, à l’approche des cieux,
Les flots blancs aux flots gris et les flots noirs aux bleus ?
Celle du haut palais, celle de la chaumière
Montent, et nulle au ciel n’arrive la première…
Quel éloquent tableau de la fraternité !
Frères, tout, parmi nous, prêche l’égalité.
Joignons, joignons nos voix aux voix de la nature,
Afin que nous voyions briller l’aube future