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Qu’Esteban mendia pour un maravédis ;
Que Salvator, pour vivre, eut recours aux bandits,
Et que, faute de pain et d’un rayon de gloire,
Géricault expira dans sa mansarde noire.

III



Ici, nos cœurs chargés d’une semblable croix,
Nouveaux Cyrénéens, s’entr’aideront ; et crois
Que la sororité de nos deux existences
Adoucira, du moins, nos communes souffrances !
Nous irons quelquefois, assis sur les penchants,
De la création ouïr les mille chants.
Nous irons admirer les champs perlés de givre ;
Les bois mélodieux, où chaque arbre est un livre
Dont l’insecte rongeur, qui s’y creuse un séjour,
Illustre les feuillets d’arabesques à jour ;
Les horizons d’azur, la mer et ses rivages
Dont ton art reproduit les riches coquillages
Qui vivent, incrustés dans les veines des rocs.
Nous irons voir nos monts, aux gigantesques blocs,
Et leur base fleurie où nos sœurs les abeilles
D’un butin parfumé remplissent leurs corbeilles.

Et là, se nourrissant des chastes voluptés
Que leur versent du ciel les sereines beautés,