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XII
notice

nexpérience, laissez choir ce qui n’a pas d’avenir : il ne s’agit pas de leur donner de l’orgueil, mais du courage. Laissez-leur, avec Montaigne, allonger au besoin une courte syllabe. Ne dussiez-vous rencontrer que quelques créations telles que la Jeune Fille abandonnée de Lebreton, la Petite Navette, de Magu ; l’Ange et l’Enfant, de Reboul, qui a tant d’autres beautés, n’auriez-vous pas de petits trésors ? Je ne parle pas d’Hégésippe Moreau dont les lettres ont à regretter la mort prématurée, autant peut-être que celle d’André Chénier. Bon et faible jeune homme, né avec toutes les qualités de cœur qui rendent aimant et aimé, qui font la vie douce et pure, il se laissa dévier, entraîner dans des égarements qui n’étaient pas faits pour lui, et il s’est éteint dans un hôpital. Je supplie qu’on fasse disparaître du volume recueilli, pour ainsi dire, sur son lit de mort, quelques pages qui le salissent ; car sa place est marquée dans notre histoire littéraire.

Ce que j’aime encore dans cette apparition des poésies d’ouvriers, c’est le lieu d’où elles sont datées. Nous n’avons, nous autres, qu’un seul lieu. Paris, grand foyer absorbant où tout