Page:Pons - Sainte-Beuve et ses inconnues, 1879.djvu/197

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que quelques rougeurs ; la lune se levait et montait déjà pleine et ronde ; la Réserve et les petits lieux de plaisance, aussi bien que les fanaux du rivage, s’illuminaient. Cette musique, ainsi encadrée et bercée par les flots, nous allait au cœur : « Oh ! rien n’y manque, m’écriai-je en montrant le ciel et l’astre si doux. — Oh ! non ! rien n’y manque, » répéta après moi la plus jeune, la plus douce, la plus timide voix de quinze ans, celle que je n’ai entendue que ce soir-là, que je n’entendrai peut-être jamais plus. Je crus sentir une intention dans cette voix de jeune fille : je crus, Dieu me pardonne, qu’une pensée d’elle venait droit au cœur du poëte, et je répétai encore, en effleurant cette fois son doux œil bleu : Non ! rien. — Et semblables à ces échos de nos cœurs, les sons déjà lointains de la musique mouraient sur les flots. »

Enfin, à Paris, l’idéal prend forme décidément, et le vague projet devient une vraie détermination. Reçu dans la maison du général Pelletier, ami et chaud partisan des écrivains libéraux, il y retourna fréquemment et s’y éprit