Page:Pons - Sainte-Beuve et ses inconnues, 1879.djvu/278

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jamais excuser de telles charges d’atelier. Ce qui suit devient réellement odieux :

« La muse de M. Sainte-Beuve est de la nature des chauves-souris et non de celle des aigles. Elle a peur de contempler de tels horizons, elle aime les ténèbres et le clair-obscur : la lumière offense ses yeux. Sa phrase molle et lâche, impuissante et couarde, côtoie les sujets, se glisse le long des idées ; elle tourne dans l’ombre comme un chacal, elle entre dans les cimetières, elle en rapporte d’estimables cadavres qui n’ont rien fait à l’auteur pour être ainsi remués. »

Quand on songe que l’homme si indignement bafoué fut le plus intelligent et le plus sagace des historiens littéraires ; que, l’analyse psychologique en main, il perça la sécheresse de Port-Royal et en fit jaillir tant de sources vives, on se prend de pitié pour le pamphlétaire qui méconnaît à ce point la poésie et le talent. N’était-ce pas, au contraire, un noble emploi de l’esprit que de rappeler les anciennes mémoires, de les rafraîchir, les renouveler, redonner de l’accent à ces voix déjà lointaines et