Page:Pons - Sainte-Beuve et ses inconnues, 1879.djvu/303

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normand ; il en sera comme de la cousine qu’il nous avait présentée il y a deux ans, et que j’ai retrouvée à Toulon dans la rue des Trois-Mulets[1]. »

Nous étions tous trois un soir au Théâtre-Français dans une de ces loges du second étage, disposées en entonnoir, d’où il semble à chaque instant que l’on va être précipité sur la tête des gens assis à l’orchestre. Sainte-Beuve sommeillait au ronron des alexandrins, et je m’amusais à suivre le regard errant de Jenny qui, du paradis au parterre, cherchait à dénicher quelqu’une de ses connaissances parmi les chevaliers du lustre, lorsque la porte de la loge s’ouvrit et livra passage à M. Edouard Thierry, qui dirigeait alors les Français. D’un coin des coulisses il avait sans doute aperçu l’illustre critique, facilement reconnaissable à son crâne à double étage, luisant et pelé comme celui du vieil Eschyle. Il venait lui offrir une loge à salon du premier étage, et sa proposition fut volontiers acceptée. On se leva pour

  1. Fréquentée par les matelots les jours de paie.