Page:Pontmartin - Causeries littéraires, 1854.djvu/97

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
89
LECONTE DE LISLE.

justement d’avoir ramené vers les vérités fortes et salubres nos esprits égarés dans l’invraisemblable, le paradoxal et l’impossible, d’avoir exprimé ces vérités immortelles dans un style ferme, net, franc, de bonne école et de bonne race, d’avoir fait circuler dans les veines de la comédie moderne, après tant de fièvres et de langueurs, un reste de ce sang vigoureux et pur qui semblait tari depuis les maîtres, et de n’avoir pas craint de nous paraître banal pour être plus sûr d’être vrai. Un honnête homme, un homme de cœur, luttant pendant dix années, ne se laissant pas décourager par des difficultés exceptionnelles, se refusant à toute transaction avec la littérature mercantile, tombant sans murmure, se relevant sans bruit, et terminant la lutte par une bonne comédie, cet homme offre, en définitive, un spectacle assez noble et assez rare pour qu’il soit permis de jeter bas les armes et d’honorer en lui la sincérité du talent et la dignité des lettres.



IV
M. LECONTE DE LISLE[1]



Ce n’est pas seulement en politique que les révolutions sont sujettes à produire leurs contraires. Vous semez une république, vous récoltez un gouvernement absolu ; il n’y

  1. Poëmes antiques.