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DERNIERS SAMEDIS.

fantaisie. Ce n’est pas ainsi que l’entend la nouvelle école ; elle se complaît à n’étre pas gaie. Elle insiste, avec les pièces à l’appui. Deux cents pages durant, nous avons l’analyse des gradations par où passe Olivier Bertin pour aller de sa passion pour la mère à un amour vague, anxieux, inavoué, inavouable, pour la fille ; puis, de l’intime souffrance de la comtesse, qui sent peu à peu le cœur d’Olivier lui échapper, et sa beauté tomber en ruines. Remarquez, en guise de circonstance aggravante, qu’Olivier Bertin n’est plus jeune, au contraire ! Il est plus vieux que madame de Guilleroy. Peintre célèbre, mais en cheveux blancs, il est désormais qualifié d’antique, de Cabanel, par les Titien et les Rubens de l’avenir. Le récit ne serait-il pas plus vraisemblable et moins… désobligeant, si la comtesse avait trente-neuf ans, Olivier trente, et Annette seize ou dix-sept ?) On admettrait alors, ou on excuserait le travail intérieur qui s’opère peu à peu chez Olivier, dupe d’une ressemblance et persuadé qu’il aime la mère, quand il est « pris de la fille. Mais comment s’intéresser à un sexagénaire amoureux de cette jeune fille, dont il pourrait être le grand-père ?

Voici quelques lignes qui ont été citées parmi les plus exquises : « Plus toute jeune, mais encore belle, pas très grande, un peu forte, mais fraîche avec cet éclat qui donne à la chair de quarante ans une saveur de maturité… » — Et un peu plus tard : t Rien n’avait vieilli que sa chair, sa misérable peau. La hantise de cette décadence était attachée à elle, devenue presque