Page:Porto-Riche - Tout n’est pas rose, 1877.djvu/204

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À l’aube, quand le jour est encore assez terne,
Partez de Pennmarck, marchez vers Audierne !
Tournez le dos aux champs, aux hameaux, aux clochers,
Et descendez la côte en suivant les rochers ;
Allez droit devant vous, allez dans votre rêve !
Et devant le spectacle horrible de la grève,
Malheureux, vous pourrez facilement pleurer,
Blasphémer plus à l’aise et mieux désespérer !
Là, point de chaume au loin, point de vertes collines,
Point de riants chalets festonnés de glycines,
Ni barques de pêcheur, ni chants de matelot ;
Mais le désert immense et le bruit seul du flot,
Mais une solitude infertile et perdue !
De noirs écueils au bord de la morne étendue ;
Un rivage maudit, fait d’horreur et de nuit ;
Quelques voiles au loin, un goëland qui fuit ;
Sur un abîme, afin d’en défendre l’approche,
Un calvaire en granit au sommet d’une roche ;
Un ciel gris ; un vent froid ; le cri sourd de la mer ;
Rien que la Thébaïde et que le gouffre amer !
Quelquefois seulement, enroulé d’un vieux câble,
Palmier de ce désert, un mât sortant du sable,