Page:Potier de Courcy - Nobiliaire et armorial de Bretagne, 1890, tome 3.djvu/315

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de l’origine des armoiries 

contestons pas pour cela I’influence des tournois sur le développement et l’organisation régulifcre de Tart heraldique ; mais nous attribuons aux croisades une bien autre importance dans la revolution qui transforma les emblfemes personnels en armoiries htfreditaires.

Oncomprendl’utilite qu’il y avait pour les chefs de ces immenses expeditions, a porter des marques distinctives qui les Assent reconnaltre, dans la marche comme dnns les combats par les hommes qui suivaient leur banniere. On peut done admettre que dfcs la premiere croisade en 1096, les seigneurs les plus eminents commenefcrent k adopter sur leurs ecus et pennons des figures heraldiques, lesquelles n’avaient encore rien de bien fixe. Les armoiries fixes ne doivent avoir pris naissance que de Tusage des casques a visifcre fermee sous laquelle il 6tait impossible de reconnaitre le chevalier. Or, h la premiere croisade ou ne portait encore que le haubert, ete’est vers la deuxifeme ou la troisieme croisade que commen ?a I’emploi des armures pleines etdes casques ferm£s. A ce moment doit done se placer aussi la veritable origine du blason, devenu par le fait un art necessaire ; la preuve s’en trouve dans l’empressement qu’on mit k adopter des armoiries parlantes, chaque fois qu’un nom put s’y prfiter. Si pour jouir de cet avantage, on fut souvent jusqu’a braver le ridicule, e’est qu’avant tout, on jugeait necessaire d’6crire son nom sur son armure.

Ce ne fut aussi qu’après la première croisade que les simples gentilshommes prirent successivement des armoiries, et Ton comprend que les fils des croises, jaloux de perpetuer dans leurs maisons le souvenir de leur cooperation aux guerres saintes, voulurent conserver pour euxet transmetlre a leurs descendants ces marques de Tillustration de leurs pferes. Voili pourquoi les figures heraldiques s’etendirent bientot des ecus, des banniferes et des cottes d’armes aux sceaux, destines a conflrmer ou ratifler lescontrats eti attestor la verite des actes 6crits, puis aux monnaies, aux monuments, aux meubles et mfime aux vfitements civils. Mais Tusage des armoiries generalement pratique au XIIP siécle, etait inconnu avantleXII e sifecle, ainsi qu’on peut s’en convaincre par l’inspection des monuments anterieurs a cette epoque. Par exemple, la fameuse tapisserie de Bayeux, attribuee k la reine Mathilde» femme de Guillaume le Conquerant et executee dans la seconde moitiédu XI e sifecle, ne renferme aucun signe heraldique sur les vfitements ou boucliers de cette longue suite de guerriers, dont elle fait connailre si scrupuleusement le costume. Un de nos plus anciens monuments héra !diques se trouve au musee du Mans : e’est le portrait sur email de GeofTroi le Bel, dit Plantagenet, comte d’Anjou et du Maine et due Normandie, mort en 1150. Ce portrait ou Geoffroy est represerlte l.’6p£e a la main, et ayant, suspendu au cou, une large dont le champ dazur est charge de quatre lionceaux dor, paralt avoir ete execute a Toccasion de sa reception dans Tordre de chevalerie. Aussi le moine de Marmouliersen decrivant les cerémonie s quiaccompagnferent cette reception, n’oublie pas le bouclier charge de lionceaux « clypeus, leunculos aureos imaginarios haben*, collo ejus suspenditur. » Voili bien les lions, ou si Ton veut les leopards de la Normandie et de l’Angleterre ; mais ces armoiries n’etaient pas encore bien arrfitees, etce n’est qu’a partir de Richard Coeur-de-Lion, en i 180, qu’on voit les leopards rdduils a trois pour TAngleterre et ^^tizedb^LiOOQlC-^