Page:Potvin - L'appel de la terre, 1919.djvu/103

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

C’était au lendemain de la catastrophe de la Pointe-aux-Bouleaux. Dans le village, tout le monde parlait de l’accident.

Madame Thibault eut garde de n’en pas dire un mot à la mère de son pensionnaire ; elle lui raconta la tragédie jusques dans ses plus infimes détails ; elle en inventa même une bonne partie pour faire croire qu’elle en savait beaucoup plus que les autres. Au commencement du récit, la mère Duval était légitimement sous l’impression qu’il y avait plusieurs morts ; mais l’hôtelière fut forcée à la fin de conclure dans la vérité : pas de morts, ni de blessés, une malade seulement… mais bien basse, à la dernière extrémité.

« Pensez donc, Madame Duval, si c’est pas triste ; du si bon monde !…

— Mais Paul, demanda Madame Duval, il n’est pas malade ? Où est-il ?

— Non, il n’est pas malade. Mais vous pouvez vous imaginer s’il est « énervé ». Je suis sûre qu’il en tenait un peu à la petite Davis ; c’est une jeune fille si très bien… et pas fière pour un sou ; une personne « d’adon en plein », que je vous dis. Ils vont bien ensemble, je vous assure, elle et Monsieur Paul ; aussi, depuis quelque temps, ils ne se laissaient pas de loin, allez ! Tenez, je suis sûr qu’il est allé chercher de ses nouvelles… vous comprenez si ça l’occupe. Il est parti tantôt et il a pris du côté de la Villa… Aussi, les Davis lui doivent une fière chandelle à Monsieur Paul… Sans lui, vous comprenez, c’en était fait : plus de mamzelle Da-