Page:Potvin - L'appel de la terre, 1919.djvu/175

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fille. Il s’efforça de se convaincre qu’il s’était également mépris sur ses propres sentiments ; ce qu’il avait pris pour de l’amour n’en était que le pâle reflet. Il fut heureux de se rappeler qu’il avait exprimé des doutes de cette nature sur ses sentiments et ceux de la jeune fille, un soir que, sur la vérandah de la Villa, à Tadoussac, il donnait à Blanche Davis convalescente, un cours sur les mauvaises herbes ; il se remémora ses gênes, ses réticences, ses scrupules ; il se souvint des visions qu’il avait, soudain, même au plus fort de son idylle avec Blanche Davis, de la pauvre petite abandonnée des Bergeronnes, Jeanne Thérien, des scrupules que les souvenirs de cette dernière lui donnait à l’égard de la Montréalaise. Enfin il finit par se convaincre qu’il n’avait jamais sincèrement aimé Blanche Davis pas plus que cette dernière ne l’avait aimé.

Enfin, à tout prendre, rien ne permettait, dans cette aventure, d’entraîner Paul dans de fatales répercussions. Il avait démasqué la fausse amante ; il en sera donc quitte pour une rupture complète. Il s’éloignera d’elle, peut-être encore un peu désolé, mais guéri ; l’on se quitterait et tout serait dit ; et lui aussi aurait eu l’occasion d’emmagasiner dans son souvenir les belles journées d’amour fleuries dans des cœurs en jeunesse

Et Paul Duval s’endormit en appelant à lui, les bienfaits de l’indifférence, le retour à la santé morale.

Et quand, le lendemain matin, le soleil, déjà haut, le réveilla, caprice d’un esprit plutôt instable, la pre-