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V


Voici longtemps déjà que le dernier entêté du village a renoncé de battre son grain au « fléau » et, durant les jours d’hiver, en passant devant les granges, l’on n’entend plus le bruit régulier du lourd battant de bois sur le pavé durci de l’aire. L’outillage du labeur agricole a été modernisé. Chez nous, jusque dans les plus humbles paroisses de colonisation, loin des grandes villes et des gros villages où passent les nouveautés de l’industrie, l’on voit de ces machines qui remplacent ou tout au moins simplifient l’effort de l’homme et, plus promptement que lui, accomplissent sa besogne rurale. Et, ce n’est plus simplement la « batteuse » qui s’est fait accepter dans la plus humble ferme ; les plus décidés des routiniers ont adopté la « moissonneuse », la « faucheuse », la « faneuse », la « lieuse » et le râteau « à cheval » tous nouveaux venus qui ont acquis vite leurs droits de paysannerie. Leur activité habile et leur preste régularité ont remplacé le mouvement cadencé des faucheurs « à la petite faulx » ou celui des garçons et des filles qui coupent « à la faucille ».

Tout cela a transformé la physionomie de la ferme et l’aspect des travaux rustiques.

Elle est transformée également la pittoresque