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IV

La terre s’agrandissait vite, encore que mon père fut seul à la cultiver. La cabane de bois rond en queues d’aronde, l’année même de ma première communion, céda la place à une maison en madriers couverte en beaux bardeaux de cèdre et qui avait deux portes, des fenêtres à chaque côté, une lucarne sur le toit. Mon père l’avait construite avec l’aide des voisins pendant une journée de corvée. Il en avait été ainsi des maisons d’Alexis Tremblay, de Thomas Simard, de Louis Villeneuve, de François Maltais, de Pierre Boudreau et de plusieurs autres.

De sorte que notre concerne avait plutôt pris l’air d’un village. On avait aussi construit, au moyen de la corvée, sur le bord de l’eau, une belle chapelle en bois carré lambrissée de planches d’épinette embouvetées et munie d’un petit clocher dans lequel on avait, un beau dimanche qui fut une grande fête, placé une cloche dont nos amis et nos parents de la Malbaie nous avaient fait cadeau et qui remplaça la scie ronde en acier qui avait annoncé mon baptême et toutes les autres cérémonies religieuses depuis notre arrivée.

Et nos terres prenaient de l’allure, chaque année, à vue d’œil.

Il faut vous dire que jusque là, je vous parle de 1838 à peu près, la Compagnie de la Baie d’Hudson