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LE « MEMBRE »

J’dis ben, une vraie fripouille. J’vous dis qu’nous a pas même dit merci pour tout not’ouvrage, pour nos pauvres chevaux qui avaient charrié les voteurs de paroisse en paroisse et pour l’argent qu’on a dépensé pour lui… oui, une vraie fripouille !… Aussi c’lui-là, s’i s’présente encore le diable peut ben l’emporter, j’vous en passe un papier.

— Monsieur Mansot est bougrement plus monsieur qu’ça, remarqua un autre admirateur du député.

— Vous avez raison, mon ami, dit Lamirande. Et puis, c’est un honnête homme qui ne prendrait pas un sou de l’argent de la province ; un bûcheur qui travaille consciencieusement et pour son comté et pour son pays. Celui-là, vous n’entendrez jamais dire qu’il a trempé les mains dans quelque tripatouillage de la politique.

— C’est curieux, fit remarquer un autre ami du héros, c’est curieux comme l’père Mansot n’a jamais pu digérer qu’son fils soye un député. Il a gardé une dent terrible contre lui et Jos à Baptiste m’a dit qu’il voulait pu le voir pour un quiable.

— Ouah ! répliqua un nouvel interlocuteur, l’père Mansot est un vieux grippe-sou qui voudrait que son garçon lui rapporte tous les ans d’quoi acheter toutes les terres des voisins. Il voudrait qu’i fasse, comme on dit, des « grattages ».

— Oui, mais c’est pas un homme à ça, M. Mansot, répliqua un autre…

Tout à coup, une clameur s’éleva à la porte : « Hourrah ! Hourrah ! pour Mansot ! »