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LE « MEMBRE »

— Eh ! bien, ce député visé dans l’article du « Dominion »… c’est Mansot et il demande votre protection contre… ce qui pourrait arriver… « Humanum est errare », n’est-ce pas monsieur le Premier ? Mon ami a commis une faute dont il connait maintenant la gravité… Il n’ignore pas ce qui peut lui arriver : la déchéance, la déconsidération, la mort… politique. Mais enfin monsieur le Premier, l’erreur est humaine… le pardon est divin… Vous êtes tout puissant… vous pouvez faire que cet acte n’ait pas de suites fâcheuses…

De nouveau, le silence plana, pénible, inquiétant, Mansot baissait la tête comme un coupable devant son juge. Sir Omer, de son binocle, à petits coups nerveux, tambourinait sur son plastron.

Contre toute attente l’orage n’éclata pas ; il n’y eut ni éclats de voix, ni exclamations courroucées, ni grands gestes tragiques…

L’acte de Mansot, dit tranquillement le premier ministre, ne me surprend pas. Mansot n’a jamais été un bon partisan de ma politique. Je parlais tout à l’heure d’un casier judiciaire, j’y reviens, M. Mansot a commis tout récemment un crime contre la politique du gouvernement, de mon gouvernement… Trop parler nuit, monsieur Mansot… Et, ce soir du banquet, magnifique, du reste, que vous offraient vos électeurs, vous parlâtes trop… Vous avez renié ma politique, votre parti… Vous êtes un mauvais partisan. Il m’est donc impossible de vous accorder, dans les circonstances, la protection que vous réclamez de