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XVI

Désespérance et réconfort.


Hélas ! où achevait-il de luire ; sur quelle glèbe affreuse hérissée d’orties allait-il s’éteindre le jour précieux qui lui annonçait l’avenir doré dans la gerbe en fleurs de ses illusions premières de jeune et fringant politicien ? La vie politique lui était pourtant apparue avenante et superbe, mais c’était à l’âge où l’on sort du collège avec, dans les oreilles, les échos encore vibrants de quelques beaux discours de Saint-Jean-Baptiste ou de distribution de prix, prononcés par le député ou le maire de l’endroit ; à l’âge où l’on ignore tout de la vie des faiseurs de lois et où le néant des connaissances détermine l’infini des aspirations. L’édifice s’est écroulé avec les échafaudages. Il ne trouvait plus devant lui que la ruine, la solitude. Oui, tout s’était effondré sous les coups terribles du hasard. Une vie basse allait remplacer celle qu’il s’était imaginée ; la marge d’azur était désormais abolie de cet horizon attendri par la joie extatique d’une aube dorée… Oh ! les rêves qui se heurtent à l’impossible…

Donat Mansot est là, depuis déjà plusieurs jours, perdu, hébété devant tant de beaux rêves anéantis, comme un malheureux devant le cercueil vide de son seul ami… Ses illusions sont tombées comme les feuilles sous le souffle froid de l’hiver qui va venir.