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LE « MEMBRE »

Aussi, son discours fit époque.

Et, ce soir, pendant qu’il fait cette descente à travers ses souvenirs, pourvu qu’il eût cherché un peu dans le tiroir de sa petite table de travail, Donat Mansot eût certainement mis la main sur le manuscrit de ce discours qu’il a soigneusement conservé au cas où plus tard, on ne sait jamais, dans une circonstance dont il ne lui est pas libre de déterminer la nature, il aurait à le rééditer.

Écrivain impartial et documenté, il nous est agréable de livrer à la postérité, à tous ceux qui suivront notre siècle de lumière, l’exorde de cette pièce académique que nous extrayons des comptes rendus de « La Lumière » du temps.

« Monsieur l’Orateur, commençait Donat Mansot, le balcon où se penchent toutes les injustices sociales et l’arbre généalogique d’où tombent toutes les feuilles de l’automne ; le rideau qui se lève sur toutes les injustices claironnantes, sont des choses qui s’offrent à moi en ce moment, à moi de m’offrir à elles. Monsieur l’Orateur, le soleil qui s’est levé ce matin a revêtu ses habits de fête et je sais que, dans les combats d’Homère, alors que nous luttons encore dans les plaines obscures, l’aube naissante éclaire déjà les collines ; et c’est là, vers ces sommets, vers ces sources pures que se rejoignent les vrais amants de la raison. Il ne faut pas se le cacher, Monsieur l’Orateur, pratiquement, proportionnellement, juridiquement, raisonnablement, théoriquement, franchement, équitablement et catégoriquement les réformes que nous avons répandues, même par la voix lourde du silence et du mutis-