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X

Une séance à la Chambre.


Il était neuf heures du soir et la Chambre était en plein débat parlementaire. On discutait sur une motion du député Langlais relative à l’instruction obligatoire. Les flots de lumière des deux cent cinquante lampes électriques du plafond de la somptueuse salle de l’Assemblée Législative inondent le parquet et baignent de clartés les pupitres chargés de paperasses. Quelques députés somnolent et s’ennuient ferme en attendant qu’on sorte… d’autres lisent la « Lumière » et cherchent ce que l’on dit d’eux dans les colonnes de leur organe. Une dizaine, au plus, compulsent des dossiers et semblent travailler. Le député Charron, enfoncé dans son fauteuil, rêve à l’avenir doré de Matane-sur-Mer ; le député Aubert enveloppe des paquets dans l’espoir de partir bientôt ; un député notaire transcrit un acte ; le député Legrand trace le plan d’une paroisse qu’il veut fonder sur les bords du Saguenay et fixe définitivement par un gros point de son crayon l’emplacement de l’église. À l’extrême droite, trois ou quatre représentants du peuple semblent avoir organisé un concours pour déterminer qui pourra bailler le plus sans se décrocher les mâchoires. De la tabagie on entend monter le bruit d’une dispute.

Pour l’heure, c’est le député Gringoire qui tonne