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le tour du saguenay

rons même l’esprit de critique jusqu’à dire qu’il y a beaucoup de Québécois et de Montréalais qui confondent couramment, et avec la meilleure foi du monde, Rimouski et Chicoutimi ; qui placent Kamouraska sur la rive nord du fleuve et Saint-Irénée sur la rive sud ; qui nous annoncent qu’un monsieur est allé au Lac Saint-Jean et qui sont très étonnés quand on leur demande de préciser et de dire vers laquelle des dix-huit paroisses de la vallée du Haut-Saguenay ce monsieur a dirigé ses pas. Bref, on pourrait varier les exemples à l’infini.

Nous ignorons notre géographie locale. Ce que nous en savons est illogique, décousu, cahoteux. Après une guerre comme celle qui vient de finir, et dont nous avons suivi avec grande attention les péripéties mondiales, l’âme, l’esprit, le cœur et les yeux remplis de quatre années de communiqués officiels, nous pourrions nous diriger, les yeux fermés, dans le labyrinthe des Balkans et nous continuons d’ignorer la nomenclature des paroisses des deux rives du fleuve, de Montréal au golfe. Nous sommes un peu comme ces écoliers qui défilent toute la liste des rois carlovingiens et qui ne peuvent donner de suite les noms de deux gouverneurs du Canada.

L’on s’instruit en voyageant, dit-on ; mais encore faut-il, pour cela, savoir voyager. Sachons voyager en dehors des guides officiels trop souvent trompeurs. Et puis, voyageons chez nous, d’abord, et connaissons notre pays avec intelligence.

Or, l’un des voyages de chez nous les plus connus et les plus commodes, pour les gens de Boston et de New-York comme pour ceux de Québec et de Montréal,