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le tour du saguenay

éminence qui domine la mer de plus de cent pieds. De ses vastes vérandas et de ses nombreux balcons, on embrasse une vue incomparable. C’est un séjour idéal pour y passer la belle saison et aucun resort plus que la Pointe-au-Pic ne peut intéresser davantage l’amateur de paysages canadiens. On y sent, on y respire la grande nature dans tout son sauvage épanouissement.

Ajoutons que l’on peut faire, dans les environs, de merveilleuses excursions en se rendant au lac Gravel dont l’accès est des plus accidentés, aux Chutes, au Grand-Lac et au Petit-Lac, et en cent autres lieux aussi pittoresques les uns que les autres. Les montagnes d’Écosse, celles de la Suisse, les plus beaux coins des Pyrénées et des Alpes n’offrent pas de paysages comparables à ceux que nous présentent ces endroits du Saint-Laurent.

Terminons cette esquisse de la Malbaie, comme nous l’avons commencé, par une nouvelle page de Buies qui a aimé la Malbaie plus que tout au monde. C’est l’une des pages les plus humoristiques du délicieux écrivain canadien. Elle a été écrite dans l’une de ses chroniques de 1884, alors qu’il faisait un séjour à la Malbaie, et, pour nous, elle peut passer pour le modèle de l’humour canadien-français.

« Avant-hier, jour à jamais mémorable, j’étais allé passer la soirée avec un de mes amis fraîchement arrivé de Montréal : mon ami est un citadin obstiné qui trouve ridicule qu’on fasse des malles énormes, qu’on abandonne ses affaires, qu’on dérange ses habitudes, pour venir s’ennuyer, huit jours durant, dans des endroits où l’on ne trouve ni café potable, ni omelettes aux fines herbes, ni fricando à l’oseille. Mais cependant, était-il