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le tour du saguenay

Siméon, se trouve, comme nous l’avons vu plus haut, le Port-aux-Quilles. C’est là que demeurait, il y a une cinquantaine d’années, la Grand’Catherine. Cette femme, Catherine Chamberland — ou Chamberlain — était une sorte de virago, à carrure d’athlète, qui vint d’Angleterre déguisée en homme, à bord d’un navire où elle servait comme matelot. Cet hommasse avait, d’ailleurs, une maîtresse moustache qui fut bien propre à cacher son déguisement. Elle se maria, à Charlevoix, avec un nommé Foster.

Port-aux-Quilles n’est pas très éloigné de la Baie Sainte-Catherine. La Grand’Catherine vint se fixer à cet endroit où elle tint une maison de pension. Elle était la terreur des voyageurs ; elle avait, du reste, conscience de sa force et de sa rudesse et s’amusait à ne pas les laisser ignorer. On raconte toutes sortes de traits à ce sujet. Elle avait, sous cette rude enveloppe, un excellent cœur.

Une nuit d’hiver, trois voyageurs arrivant de Charlevoix… en route pour Tadoussac, frappèrent à la porte de la Grand’Catherine à qui ils demandèrent à manger et le gîte. La femme les fit entrer : mais aussitôt, relevant les manches de son mantelet :

« Ma bande de fainéants », dit-elle, « maintenant, je vais vous montrer à venir ainsi déranger les honnêtes gens pendant la nuit… »

Les voyageurs crurent se trouver en présence du diable déguisée en femme ou en homme et déguerpirent. Mais ils n’étaient pas sur le seuil de la porte que Catherine leur cria :

« Bande de poules mouillées : voulez-vous bien ren-