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le tour du saguenay

dans les parages de l’estuaire du Saguenay. C’est à Tadoussac et à Sainte-Catherine qu’ont vécu les meilleurs chasseurs de marsouins. Cette chasse exige beaucoup de persévérance, beaucoup d’adresse et de sang-froid. Il y a à Tadoussac la famille Boulianne dont les nombreux membres sont renommés pour leur habileté et leur hardiesse à cette chasse.

Les chasseurs de marsouins se rendent en yacht dans les endroits fréquentés par les marsouins. Deux d’entre eux laissent le yacht et se rendent en canot au-dessus du banc des marsouins qu’ils ont localisé. Le fond du canot est blanc, ce qui trompe le marsouin qui prend le canot pour le ventre blanc d’un compagnon : il s’approche tout près. Alors, l’homme d’avant du canot, aussitôt que l’animal a émergé pour respirer, lui lance un harpon sur le dos. Cet harpon a un manche en fer long de sept pieds et la force avec laquelle il est lancé le fait pénétrer très avant dans la chair de l’animal. Aussitôt harponné, l’animal fait un bond et déguerpit à toute vitesse. Les chasseurs alors jettent à l’eau la bouée en bois à laquelle est attachée une longue amarre tenant au harpon. L’amarre se déroule et la bouée reste à la surface. Le marsouin, après son premier élan, modère son allure et les gens du canot en profitent pour reprendre la bouée ; dès qu’ils l’ont à bord, ils commencent à enligner leur proie, c’est-à-dire à s’en approcher petit à petit, en tirant sur l’amarre. C’est alors qu’ils doivent faire appel à toute leur habileté pour que le canot ne chavire pas, car l’animal le remorque à une allure rapide. L’homme de derrière gouverne pendant que celui de l’avant enligne. Aussitôt qu’ils ont réussi à approcher l’animal de quelques verges, l’homme