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Peter McLeod



Grand récit canadien-français inédit
par Damase Potvin


— I —


Vlan !…

Et Peter McLeod, tout de son long, se trouva étendu sur le parquet rugueux, picoté de nœuds de sapin, du “Main Office”.

Sidérés, les spectateurs, une vingtaine, regardaient en silence ce grand corps flasque, apparemment sans vie. Il paraissait pour l’instant démesuré, la figure pâle : au coin de la bouche un mauvais pli comme pour laisser passer un dernier “balling out”.

Peter McLeod avait trouvé son maître.

Dans le lourd silence de la salle enfumée, où se mêlaient des odeurs de sapin frais, de cuir mouillé et de whisky, se traînait un bruit de grosses bottes cloutées martelant le pavé de rondins mal équarris… Du côté du comptoir, une voix éraillée :

« Tobie… un whisky… et un bon… penses-tu que je l’ai pas mérité ?

C’était la voix de Fred Dufour, un petit homme noir, le front bas taillé au couteau, les cheveux crépus comme ceux d’un nègre, le corps musclé, fortement