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les vont, s’occupant de tous les devoirs, depuis les plus abjects, jusqu’aux plus élevés, jusqu’aux plus délicats. Et toujours le sourire sur les lèvres, toujours consolantes, entrant dans les chambres et les salles des malades comme un rayon de soleil, et leur laissant, toujours comme le rayon, le regret d’un départ trop prompt… Puissance étrange que certains êtres dégagent, sympathie mystérieuse et profonde qui apaise toute souffrance, comme une mère endort dans ses bras l’enfant qui pleure et se lamente, l’étoile dans la nuit… le rayon après l’orage !

La maladie de Paul se développa rapidement grâce à son état moral violemment troublé ; il eut la fièvre longtemps, avec du délire, chaque jour.

Et aujourd’hui, en cette lourde chaleur d’été, la fin venait. C’était d’abord une sorte d’état de non-être hanté par des visions confuses, avec une impression persistante de souffrance ; ou bien il éprouvait la sensation de mourir et perdait pour un instant conscience de ce qui l’entourait. Alors, il croyait bien voir se pencher sur lui, le visage d’une sœur, celui du médecin, mais il n’en était pas sûr ; en ces minutes intensément fiévreuses, ses parents seuls et Jeanne subsistaient en son cerveau et ils étaient le centre de péripéties singulières où des réalités vécues s’enroulaient aux fictions les