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ment sur le mur leur paraissent sinistres… et le crépitement du bois franc, qui se tord dans le foyer, rompt, seul, le douloureux silence…

Lui, Paul, regardait son père et sa mère ; il les regardait d’un air décidé encore, mais très doux, de plus en plus doux, avec une immense tristesse qui allait, s’accentuant. C’est qu’une lueur se faisait dans son esprit distrait et rêveur… En ce moment, devant leurs sacrifices et leurs embarras, son amour pour eux s’était augmenté d’un sentiment nouveau qui était une sorte de pitié attendrie… Et puis cette perspective d’une vie nouvelle qui allait commencer pour lui, pleine d’inconnu, le fit s’attendrir davantage. Bientôt allait finir pour ainsi dire, son enfance, allait s’enfuir ce passé d’insouciance heureuse ; et il sentait cela, douloureusement, avec une impression inconnue de regret et d’effroi…

Ce soir-là, quand le père et la mère se furent retirés dans leur chambre, Paul, resté seul, dans la vaste pièce, pleura, la poitrine secouée, les joues ruisselantes de toutes les larmes qui, depuis des jours, s’étaient amoncelées en lui-même, sans qu’il en eût conscience.