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Page:Potvin - Sous le signe du quartz, 1940.djvu/11

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du blé d’inde pilé, des fèves, des bleuets séchés et de la graisse de cerf, le tout détrempé dans de l’eau tiède…

Après le repas, il fallut aux Français subir « ung sermon » d’un chef à qui on donna un crucifix qu’on lui pendit au cou en y ajoutant deux haches et deux couteaux. Alors les femmes s’approchèrent des visiteurs pour leur frotter les « braz et aultres endroits de dessus le corps » en pleurant de joie. Et elles donnaient aux Français leurs enfants à caresser. Puis, sur des nattes « en façon de tapysseries », les hommes s’assirent. Alors parut, accroupi sur une peau de cerf, porté par une dizaine d’hommes, l’Agouhanna, la tête recouverte d’une couronne en poils de hérisson à lisière rouge. Le pauvre quinquagénaire était perclus de tous ses membres. Il demandait par signes à Jacques Cartier de le guérir et il posa sa couronne sur la tête du Découvreur. Ce dernier se trouva comme transformé en thaumaturge au milieu d’une véritable cour des miracles où s’assemblèrent aveugles, borgnes, paralytiques, impotents, « gens si très vieulx que les paupières des yeulx leur pendoient jusques sur les jouez ». Et ce fut à qui toucherait Cartier qui faisait sur eux le signe de la croix et récitait l’évangile de Saint-Jean : « In principio erat verbum… ». Bref, la fête se termina par une grande « sonnerie de