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Page:Potvin - Sous le signe du quartz, 1940.djvu/165

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surgi du sol comme par magie, semblait-il. D’humbles cahuttes étaient devenues, du jour au lendemain, de prétentieux magasins… Les rues se dessinaient, se croisaient, traversées déjà d’enseignes : « Dentist », « Law Office », — Déjà !!… Ici, là, un « Royal Hotel », un « Home Lunch and Pastry »… Tout prend, malheureusement pour le caractère du Canada Français, allure américaine ou anglaise… Une petite ville assez incohérente…

Déjà, on rencontre des « gamblers » dans des salons de jeu, des « bootleggers » dans des tavernes ; des amateurs de « bowling », des hommes et des femmes pris de la fièvre du jeu. Sur les tapis verts du billard anglais, les boules numérotées s’entrechoquent, s’arrêtent au bord des poches d’angle et s’y précipitent, accompagnées de clameurs de joie ou d’imprécations rageuses, tandis que s’égrènent, à côté, les notes grêles des pianos mécaniques et que s’escriment les « crooners » sur des disques de phonographes asthmatiques…

Mais tout de suite après, voici l’enveloppe extérieure d’un quartier où des maisons neuves élégamment rustiques, aux façades décorées de plantes grimpantes variées, les égaient de couleurs vives auxquelles les murs apportent une note rouge brique, s’élèvent au milieu de jolis « rock gardens ».