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Page:Potvin - Sous le signe du quartz, 1940.djvu/176

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qui se saluaient en russe, en anglais, en polonais ou en français, mais toujours avec le même accent.

On appela l’échoppe des deux Bill « The Pioneer »… Puis ce fut, tout près de là, une boutique de barbier, puis un débit clandestin d’alcool, deux ou trois boîtes de nuit, d’autres magasins, voire un théâtre…

Tel fut le début de Val d’Or. Début un peu inquiétant à la vérité. La future ville recèlera-t-elle le même afflux de joueurs, de débauchés, de voleurs et d’ivrognes qui a marqué la naissance de la plupart des villes minières de la Californie, du Klondyke, de l’Afrique du Sud ? Toutes les passions, toutes les cupidités qui, tels des loups qui suivent la piste des caribous, vont-elles également s’attacher au pas des mineurs abitibiens ? Le règne des gangsters va-t-il s’étendre sur la région ? Non, deux ans après l’établissement du « Pioneer », Val d’Or obtenait sa charte du gouvernement de Québec ; et ce fut aussitôt le règne de la loi et de l’ordre. Alors s’élevaient une quarantaine de constructions disparates habitées par des gens de métier, des commerçants. La Compagnie Harricanaw subdivisa ses terrains en lots à bâtir qu’elle mit en vente. Et puis, commença l’arrivée des familles ; d’autres mineurs qui s’abattirent sur ce coin du pays abitibien, comme sauterelles sur blé vert. Ils venaient de Québec, de La Tuque, des Trois-Rivières, bref