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Page:Potvin - Sous le signe du quartz, 1940.djvu/31

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les habitants les plus costauds de la colonie. Il avait comme premier lieutenant le sieur de Sainte-Hélène, D’Iberville était lieutenant en second, le sieur de Maricourt, major, le sieur de Lanoue, aide-major. Pierre Allemand était commissaire des vivres. Enfin, un Jésuite, le Père Antoine Sylvie accompagnait la troupe en qualité d’aumônier…

Cent hommes en tout. Pour une épopée, vrai on n’était pas ambitieux. Et dans quel pays !… Dans le « Wild » d’autrefois mille fois plus sauvage, plus mystérieux, plus cruel que celui d’aujourd’hui…

Mystérieuse région, en vérité… Ce qu’elle devait alors en recéler, en effet, de mystères, cette contrée sans mesure que dessine le bastion méridional de la Baie d’Hudson, de la ligne du partage des eaux à la vallée du lac Saint-Jean, d’un côté, avec les bassins des lacs Nepigon, Winnipeg, de l’autre… Territoire illimité, immesurable, qu’alimentent des rivières qui sont des fleuves coulant de lacs en lacs, à travers des forêts sans limites. Trois cent milles carrés !… Et partout dans cette étendue, des bois effarants supportant des âges insondables, tissant le mystère en plein jour… Sauvagerie sans nom ! Elle frémit quand même au contact de la vie. Des générations d’indiens s’y sont multipliées qu’ont violées des hordes de sang-mêlés,